La forte baisse des prix des carburants annoncée par le gouvernement intervient alors que les performances croissantes des projets pétrolier et gazier Sangomar et GTA renforcent les exportations sénégalaises et améliorent nettement la balance commerciale, offrant au pays une marge de manœuvre inédite sur son marché énergétique.
Le gouvernement sénégalais a officialisé jeudi la nouvelle structure des prix des produits pétroliers, applicable à partir du 6 décembre 2025. Comme annoncé fin octobre par le Premier ministre Ousmane Sonko, le super carburant et le gasoil enregistrent une baisse notable : 70 FCFA pour le super et 75 FCFA pour le gasoil, après près de deux ans de stabilité à un niveau record.
Cette révision met fin aux tarifs en vigueur depuis janvier 2023. Dès samedi, le super passe de 990 à 920 FCFA le litre (7,07 % de baisse) et le gasoil de 755 à 680 FCFA (9,93 % de baisse). L’essence ordinaire est fixée à 665 FCFA le litre, l’essence pirogue à 497 FCFA et le pétrole lampant à 410 FCFA.
Les prix du gaz butane restent fixés ainsi: la bouteille de 38 kg à 19 000 FCFA, celle de 12,5 kg à 6 250 FCFA, celle de 9 kg à 4 285 FCFA, celle de 6 kg à 2 885 FCFA et celle de 2,7 kg à 1 305 FCFA.
La ventilation du prix du super carburant détaille un coût importation de 445 194 FCFA par mètre cube, des droits de porte de 35 829 FCFA par mètre cube, une taxe spécifique de 216 650 FCFA par mètre cube, une marge distributeur de 69 700 FCFA par mètre cube et une TVA de 138 127 FCFA par mètre cube, pour un prix final au consommateur de 920 FCFA le litre. Cette décomposition éclaire le poids des taxes, des coûts d’importation et des marges dans le prix payé à la pompe.
Le document officiel précise aussi les tarifs appliqués aux circuits exonérés, notamment le canal HTT (hors taxes et droits), le canal HTVA (hors TVA) et le canal HTVA et DD (hors TVA et droits de douane), destinés aux professionnels éligibles et secteurs sous régimes dérogatoires.
Contrairement à certaines périodes antérieures, le mécanisme de stabilisation fiscale n’a pas été activé, signe d’une relative stabilité des cours internationaux. Cette baisse s’inscrit dans le Plan de redressement économique annoncé par le gouvernement, et avait été dévoilée dès le 27 octobre 2025 lors des arbitrages budgétaires.
La montée en puissance des projets Sangomar et GTA a dopé les exportations sénégalaises et réduit le déficit commercial de plus de 730 milliards FCFA en 2024. Le champ pétrolier de Sangomar a produit 47,09 millions de barils depuis son entrée en service en juin 2024, tandis que le projet gazier GTA (Grand Tortue Ahmeyim) a exporté 2,18 millions de mètres cubes de GNL en treize cargaisons, selon les données du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines.
La production de Sangomar, commercialisée à hauteur de 46,07 millions de barils répartis sur 48 cargaisons, a généré en 2024 des ventes estimées à 464,6 milliards FCFA. Ces exportations ont contribué à une hausse de 21,3 % des ventes extérieures, selon la Note d’analyse du commerce extérieur de juillet 2025. Pour le seul mois d’octobre 2025, trois cargaisons ont totalisé 2,92 millions de barils.
Le projet GTA, dont le premier puits a été ouvert fin décembre 2024, a démarré sa production de GNL le 9 février 2025. Au 31 octobre, 2,31 millions de mètres cubes standard avaient été produits, dont 2,18 millions déjà exportés via treize cargaisons. En octobre, trois cargaisons supplémentaires ont représenté 0,5 million de mètres cubes. Le site a aussi produit 0,89 million de barils de condensat, dont 0,71 million déjà commercialisés.
L’exploitation des hydrocarbures a permis au Sénégal d’alléger sensiblement son déficit commercial, passé de 3 983,9 milliards FCFA en 2023 à 3 252,3 milliards en 2024, soit une amélioration de 731,5 milliards FCFA. Les exportations totales se sont élevées à 3 909,1 milliards FCFA contre 3 223,9 milliards un an plus tôt, portées par le pétrole brut, l’or et les produits pétroliers raffinés.
Les ventes vers l’Europe et l’Asie ont bondi respectivement de 34,1 % et 47,2 %, stimulées par la demande en hydrocarbures et produits miniers. Les importations ont légèrement reculé de 0,6 %, sous l’effet de la baisse des achats de pétrole brut et de la chute des prix mondiaux.
Selon le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, ces performances confirment la transformation structurelle de l’économie sénégalaise, désormais positionnée parmi les nouveaux producteurs d’hydrocarbures en Afrique de l’Ouest. À l’échelle régionale, l’UEMOA a également vu son déficit courant s’améliorer, passé de 9,6 % du PIB en 2023 à 6,3 % en 2024.


