Suite à la disparition de ressortissants égyptiens en Libye, le gouvernement intensifie ses efforts avec la partie libyenne afin de garantir leur retour.
Au total, 2 632 Egyptiens ont été rapatriés de la Libye au cours de l’année 2025, un chiffre qui illustre l’intensification des opérations de secours menées par Le Caire. Dans un communiqué publié le 22 décembre, le ministère des Affaires étrangères a dressé un bilan chiffré témoignant d’une accélération sans précédent des retours sécurisés. Selon les données officielles, 1 132 citoyens ont regagné le pays depuis Tripoli et la région occidentale tandis que plus de 1 500 autres ont été évacués depuis Benghazi et la partie orientale de la Libye. Cette dynamique de rapatriement s’est accompagnée d’opérations de sauvetage ciblées, notamment celle menée le 27 novembre, qui a permis la libération de 131 Egyptiens jusque-là retenus dans un centre de rétention en Libye.
Cette gestion de crise repose sur une architecture diplomatique de proximité, dans laquelle l’ambassade d’Egypte à Tripoli et le consulat général à Benghazi travaillent de concert avec les autorités libyennes. Cette coordination permanente vise avant tout à localiser les ressortissants portés disparus et à obtenir des informations précises sur leur situation. Pour le ministère, l’enjeu est d’activer l’ensemble des mécanismes juridiques et sécuritaires nécessaires afin de lever les incertitudes entourant le sort de ces citoyens, tout en réaffirmant la priorité absolue accordée par le gouvernement à la protection de ses ressortissants à l’étranger.
Des défis complexes
Toutefois, ce succès diplomatique se heurte à une réalité de terrain préoccupante. Selon l’expert Ahmed Sayed Ahmed, la recrudescence des enlèvements découle directement de l’instabilité politique et du vide sécuritaire en Libye. Cette situation favorise l’action de milices extrémistes qui, dans de vastes zones échappant au contrôle de l’Etat, ont fait du kidnapping contre rançon une pratique systématique. Pour ces groupes armés, les travailleurs égyptiens sont devenus de véritables cibles économiques, dans un territoire où l’autorité légitime fait défaut.
A cette insécurité s’ajoute le défi de l’immigration irrégulière : en entrant clandestinement en Libye, de nombreux travailleurs deviennent « invisibles » pour les services consulaires. L’absence d’enregistrement officiel complique ainsi l’identification et la localisation des disparus lors des crises. Face à ce constat, Ahmed Sayed Ahmed plaide pour une coordination régionale renforcée, tout en rappelant l’efficacité de la coopération égypto-libyenne : malgré l’instabilité persistante, ces efforts conjoints ont déjà permis de sauver des milliers de vies en 2025.
Au-delà des frontières libyennes, la diplomatie égyptienne étend également son action à l’ensemble du bassin méditerranéen afin de faire face aux drames liés à la migration irrégulière. Le ministère a ainsi récemment mobilisé son ambassade en Grèce pour assurer le suivi rigoureux du naufrage d’une embarcation survenu le 7 décembre. Des discussions de haut niveau sont actuellement engagées avec les autorités grecques afin de coordonner l’aide humanitaire et de faciliter l’assistance consulaire apportée aux familles des victimes de cette tragédie.


