Le gouvernement malgache a annoncé, samedi, sa décision de renoncer à la présidence tournante de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), exercée depuis moins de trois mois. Une mesure qui traduit la volonté du nouveau régime de concentrer ses efforts sur le processus de « Refondation » nationale engagé à la suite du soulèvement populaire d’octobre dernier.
Dans un communiqué publié samedi, les autorités malgaches ont précisé que cette décision découle de « l’évolution du contexte politique national » et de la nécessité de mobiliser toutes les ressources du pays autour du redressement institutionnel et socio-économique. Elle s’appuie sur la décision de la Haute Cour constitutionnelle du 14 octobre 2025, qui a constaté la vacance du pouvoir.
Madagascar avait pris la présidence de la SADC le 17 août dernier, à l’issue du 45e Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement tenu sous l’administration du président Andry Rajoelina. Quelques jours après, un soulèvement populaire conduit par la jeunesse malgache avait entraîné la chute du régime et ouvert la voie à une transition politique.
Le colonel Michaël Randrianirina, investi président de la Refondation de la République de Madagascar le 17 octobre à la Haute Cour constitutionnelle d’Ambohidahy, a placé la réforme des institutions, la cohésion nationale et la stabilité durable au cœur de son mandat. Selon le communiqué, ces priorités « répondent à la volonté exprimée par le peuple malgache » et requièrent « une mobilisation totale du gouvernement », incompatible avec les obligations liées à la présidence de la SADC.
Le chef de l’État malgache a insisté sur la légitimité du processus en cours, affirmant qu’« aucune violence n’a été commise, aucun palais attaqué », rejetant ainsi toute accusation de coup d’État. Il a également nommé un Premier ministre civil et constitué un gouvernement de 29 ministres.
Aucun scrutin anticipé n’est prévu à ce stade ; les nouvelles autorités souhaitent d’abord réformer la Commission électorale nationale et assainir les listes électorales avant d’envisager de nouvelles élections.
Malgré cette renonciation, Antananarivo réaffirme son attachement à la SADC et à ses idéaux d’unité régionale. « Ce choix ne remet nullement en cause l’engagement de Madagascar envers la SADC et ses valeurs fondatrices », souligne la Présidence de la Refondation, précisant que le pays continuera à « œuvrer de concert avec ses partenaires pour une Afrique australe intégrée et prospère ».
Ancien gouverneur et officier formé à l’Académie militaire d’Antsirabe, le colonel Randrianirina, originaire du sud du pays, affirme vouloir conduire une « refondation en profondeur » de la République « dans la légalité et sans précipitation ». La Grande Île poursuit ainsi sa coopération avec les 15 autres États membres de la SADC, tout en plaçant la consolidation interne au centre de son action gouvernementale.


