Le projet « Modal Tex 2025 » associe Mali et Maroc pour créer une usine textile capable de produire 1 000 vêtements par jour et de valoriser le coton local.
Le ministre malien de l’Industrie et du Commerce a reçu mardi 30 septembre 2025 une délégation d’investisseurs marocains projetant une unité de confection d’un millier de vêtements par jour, dans le cadre du projet « Modal Tex 2025 ». Le Mali, qui a produit environ 690 000 tonnes de coton en 2023-2024, entend valoriser cette matière première nationale tout en s’appuyant sur l’expertise industrielle marocaine pour bâtir une filière textile compétitive.
Au coeur des échanges tenus à Bamako, la délégation menée par la société Twins Shop, promotrice du projet « Modal Tex 2025 », et accompagnée du Directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements (API-Mali), a présenté une étude de faisabilité pour l’implantation d’une usine de confection. Cette unité, selon les promoteurs, pourra produire 1 000 vêtements par jour dès sa mise en service, ce qui positionne le projet parmi les plus ambitieuses initiatives de transformation locale du coton dans la région. Au-delà de la création d’infrastructures modernes, « Modal Tex 2025 » vise à structurer toute une filière, en articulant valorisation locale de la production cotonnière et transfert de savoir-faire marocain en organisation industrielle, maîtrise technique et accès aux marchés internationaux.
Sur le plan cotonnier, le Mali affiche une position de leader au sein de l’Afrique de l’Ouest. La campagne 2023-2024 a vu une production de 690 000 tonnes de coton graine, plaçant le pays en tête du classement du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA), devant le Bénin (600 063 tonnes). Cette performance fait du Mali un acteur dominant de la zone UEMOA, les deux premiers producteurs (Mali et Bénin) contribuant à près de 60 % de la production cotonnière de l’espace. Toutefois, la prévision pour la campagne 2024-2025 indique un possible recul à 569 300 tonnes, soit une baisse de 17 %, liée notamment à des surfaces emblavées réduites et à des conditions climatiques défavorables. Par ailleurs, la réduction des superficies de culture à 623 042 hectares est un des facteurs cités pour cette contraction anticipée.
L’expérience marocaine dans le secteur textile est fréquemment évoquée comme un levier de réussite pour ce type de projet partenarial. Le Maroc dispose d’une industrie textile bien établie, soutenue par des politiques incitatives, des zones industrielles dédiées, et une main-d’œuvre qualifiée. Le royaume a déjà engagé des projets d’investissements stratégiques dans le textile, comme le projet Sunrise, qui porte sur un budget de 2,3 milliards de dirhams et prévoit de créer 7 000 emplois directs et 1 500 emplois indirects pour renforcer la chaîne textiles-confection locale. Le secteur textile au Maroc compte des entreprises intégrées allant du fil au vêtement fini, bénéficiant d’accords de libre-échange avec l’Union européenne et les États-Unis, et d’une position logistique avantageuse pour l’exportation.
Lors de la rencontre à Bamako, le ministre de l’Industrie et du Commerce a salué la confiance des investisseurs marocains et réaffirmé la place du textile au cœur de la stratégie nationale de relance industrielle. Il a rappelé l’objectif de promouvoir le « Made in Mali » dans la perspective du lancement du mois du consommé local. Le projet « Modal Tex 2025 » s’inscrit dans cette feuille de route, en cherchant à consolider un tissu industriel dans un pays riche de sa production cotonnière.
Sur le plan opérationnel, il reste plusieurs étapes à franchir avant le démarrage effectif. L’étude de faisabilité devra être validée et traduite en plan d’investissement, le montage financier structuré, les partenariats techniques finalisés et les engagements juridiques sécurisés. Le choix des technologies, le recrutement et la formation du personnel, l’intégration dans les circuits d’approvisionnement et les modalités d’exportation sont autant de challenges à résoudre.
Si « Modal Tex 2025 » parvient à se concrétiser dans les temps annoncés, le Mali pourrait franchir une étape significative vers l’industrialisation de sa filière textile, réduisant sa dépendance aux importations de vêtements finis et créant des synergies avec sa production cotonnière. Le transfert d’expertise marocain pourrait servir de catalyseur à cette ambition, à condition que les conditions de mise en œuvre — coûts, logistique, réglementation, cohérence des politiques publiques — soient soigneusement maîtrisées.
