Le premier ministre, Mostafa Madbouly, a participé au Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). L’occasion d’aborder des enjeux-clés, de la crise à Gaza au renforcement de la coopération avec la Chine.
Du 31 août au 1er septembre, le premier ministre, Mostafa Madbouly, a représenté le président Abdel Fattah Al-Sissi au Sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai Plus, tenu à Tianjin, en Chine. L’événement s’est déroulé cette année sous le thème « Maintenir l’esprit de Shanghai : l’OCS en mouvement ». Il s’agit du plus important sommet de l’histoire de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), visant à définir la feuille de route de développement du bloc pour la prochaine décennie. Plus de 20 chefs d’Etat d’Asie, d’Europe et d’Afrique y ont pris part, dont le président russe, Vladimir Poutine, ainsi que 10 organisations internationales.
Dans son allocution, Madbouly a mis en avant plusieurs préoccupations égyptiennes. Il a souligné l’importance d’une rencontre placée sous le signe du multilatéralisme, de la sécurité régionale et du développement durable, rappelant que ces enjeux sont au coeur des défis mondiaux actuels. Il a établi un lien direct entre sécurité et développement, affirmant qu’« il était essentiel d’activer les divers mécanismes de sécurité régionale afin de garantir une sécurité équitable pour toutes les nations ».
A cette occasion, Madbouly a évoqué la situation à Gaza, qualifiant le conflit en cours de « guerre de famine » visant à liquider la cause palestinienne. Il a accusé Israël de rendre délibérément Gaza inhabitable et de saboter la solution à deux Etats. Le premier ministre a appelé à un cessez-le-feu temporaire et a réaffirmé la position constante de l’Egypte : la seule solution juste et durable passe par la création d’un Etat palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale, dans les frontières de 1967.
Madbouly a également plaidé pour une réforme en profondeur du système financier mondial, appelant à des mécanismes de financement plus souples en faveur des pays en développement, afin de corriger les déséquilibres actuels.
Concernant le climat, il a insisté sur la nécessité d’un soutien international accru, notamment en matière de financement et de transfert de technologies avancées, pour renforcer les engagements environnementaux. Il a également appelé à une coopération mondiale autour d’une utilisation éthique et équitable de l’intelligence artificielle.
Rappelant la vulnérabilité particulière de l’Egypte — pays désertique, densément peuplé et dépendant presque exclusivement du Nil —, Madbouly a réaffirmé l’engagement du Caire en faveur d’une gestion équitable et coopérative des ressources hydriques du bassin du Nil, dans le respect du droit international.
En marge du sommet, le premier ministre égyptien a rencontré le président chinois, Xi Jinping. Pékin s’est engagé à soutenir le développement de l’Egypte, notamment dans les domaines des énergies renouvelables et des véhicules électriques, tout en encourageant les investissements et le tourisme chinois.
De son côté, Madbouly a annoncé l’attribution de nouveaux terrains à la société chinoise TEDA dans la zone économique du Canal de Suez, afin d’accélérer son développement et d’attirer davantage d’investissements.
Objectifs égyptiens
Créée à l’origine pour répondre à des préoccupations sécuritaires, l’OCS est aujourd’hui la plus vaste organisation régionale en termes de population et de territoire. En 24 ans, elle est devenue une structure globale, représentant près de la moitié de la population mondiale, et abordant des questions politiques, économiques et sécuritaires. Elle regroupe neuf membres à part entière — dont l’Inde, le Pakistan et l’Iran —, ainsi que des observateurs et partenaires de dialogue, parmi lesquels l’Egypte, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.
Selon le professeur de sciences politiques Tarek Fahmy, la participation de l’Egypte au Sommet de Tianjin illustre le rôle du Caire comme puissance régionale cherchant à contribuer à un nouvel équilibre mondial.
L’Egypte considère l’OCS comme une plateforme essentielle pour développer la coopération dans plusieurs domaines : l’économie (notamment via l’initiative la Ceinture et la Route et le rôle du Canal de Suez), la sécurité et la lutte contre le terrorisme, le développement technologique.