ANCHORAGE, Alaska (Reuters) - Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi n'avoir pas conclu avec son homologue russe Vladimir Poutine d'accord à propos de la guerre en Ukraine, lors de leur sommet bilatéral en Alaska, mais il a fait part toutefois de "progrès" à l'issue de discussions "productives", qui ont duré près de trois heures.
"Il y a de nombreux, nombreux points sur lesquels nous nous sommes accordés", a dit Donald Trump au cours d'une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine, durant laquelle les deux dirigeants ont pris la parole chacun à leur tour, pendant plusieurs minutes, sans répondre à des questions.
"Nous n'avons pas pu finaliser deux points importants, mais nous avons effectué des progrès", a ajouté le président américain depuis un pupitre installé sur une estrade sur laquelle figurait l'inscription "Pursuing Peace" (Rechercher la Paix). "Donc pas d'accord, jusqu'à ce qu'il y ait un accord".
On ne sait pas dans l'immédiat les avancées réalisées en vue d'une issue à la guerre en Ukraine, conflit le plus meurtrier en Europe depuis 80 ans.
Revenu au pouvoir en janvier dernier, Donald Trump s'est fixé comme objectif de mettre fin rapidement au conflit et a régulièrement dit penser que Vladimir Poutine était désireux de parvenir à la paix.
Durant sa prise de parole vendredi en conférence de presse, le président russe a prévenu qu'il ne fallait pas que Kyiv et ses alliés européens tentent de "torpiller" les progrès effectués par Moscou et Washington mais qu'ils acceptent les résultats de ces négociations bilatérales.
Le fait que le président ukrainien Volodimir Zelensky ne soit pas convié aux discussions a alimenté, en Ukraine et en Europe, les craintes qu'un accord au détriment de Kyiv soit scellé par Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska.
Le président américain, qui avait exprimé son intention d'organiser un sommet avec ses homologues russe et ukrainien si la réunion en Alaska se passait bien, a dit en conférence de presse qu'il allait contacter les responsables de l'Otan et Volodimir Zelensky.
"LES RASSEMBLER À LA TABLE"
Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontraient pour la première fois depuis un sommet bilatéral organisé à Helsinki en juillet 2018, lors du premier mandat du président américain.
En amont de leur réunion, le chef de la Maison blanche a dit vouloir obtenir un cessez-le-feu en Ukraine et convenir avec le chef du Kremlin d'un sommet trilatéral avec Volodimir Zelensky pour négocier un accord de paix.
"Je ne suis pas là pour négocier pour l'Ukraine", avait déclaré Donald Trump au moment de quitter Washington pour se rendre à Anchorage. "Je suis là pour les rassembler à la table" des discussions, a-t-il ajouté, cherchant ainsi à apaiser les préoccupations de l'Europe, dans le sillage d'une réunion virtuelle organisée mercredi avec des dirigeants européens.
Au cours de cette réunion à laquelle participaient notamment le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président américain avait assuré que les questions territoriales seraient discutées uniquement en présence de Kyiv.
Dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine qu'elle a lancée en février 2022, la Russie a pris le contrôle d'environ un cinquième du territoire ukrainien, après avoir déjà annexé la péninsule de Crimée en 2014.
Moscou entend obtenir le contrôle complet de la région industrielle du Donbass, dans l'Est ukrainien. Kyiv exclut de céder des territoires et dit également vouloir des garanties sécuritaires apportées avec le soutien de Washington.
(Reportage de Steve Holland, Andrew Osborn et Darya Korsunskaya, avec la contribution de Trevor Hunnicutt et Jeff Mason à Washington et du bureau de Moscou; version française Jean Terzian)