Le président français Emmanuel Macron a ordonné mercredi un durcissement des restrictions de visas pour les diplomates algériens, aggravant ainsi le conflit diplomatique autour du refus de l'Algérie d'accueillir les ressortissants expulsés. Cette décision intervient dans un contexte de dégradation des relations diplomatiques suite à la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et aux récents incidents impliquant des ressortissants algériens.
Macron a demandé mercredi à son gouvernement de renforcer les exigences de visa pour les diplomates algériens alors que le différend sur l'expulsion des ressortissants algériens s'intensifie.
Dans une lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou , consultée par Reuters, Macron a déclaré que les difficultés croissantes rencontrées par la France en matière de migration et de sécurité avec l'Algérie nécessitaient une position plus ferme à l'égard de l'ancienne colonie française.
Macron a demandé au ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot de notifier officiellement à l'Algérie la suspension d'un accord de 2013 qui exemptait les titulaires de passeports diplomatiques et officiels de l'obligation de visa.
Il a également demandé au ministre français de l'Intérieur de demander aux pays de l'espace Schengen - qui autorisent les déplacements sans passeport entre leurs frontières - d'aider la France à appliquer la politique de visas plus stricte, notamment en consultant la France pour la délivrance de visas de court séjour pour les responsables algériens concernés et les passeports couverts par l'accord de 2013.
« La France doit être forte et inspirer le respect. Elle ne peut l'obtenir de ses partenaires que si elle leur témoigne le respect qu'elle exige d'eux. Cette règle fondamentale s'applique également à l'Algérie », a déclaré Macron.
Les relations entre Paris et Alger se sont détériorées depuis que la France a reconnu en juillet 2024 la souveraineté du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental , que Rabat souhaite que la communauté internationale reconnaisse comme marocain.
Les tensions se sont intensifiées après que l'Algérie a arrêté l'auteur franco-algérien Boualem Sansal en novembre et ont atteint leur paroxysme en février de cette année lorsqu'un citoyen algérien que la France avait longtemps tenté en vain de rapatrier a été arrêté comme suspect dans une attaque au couteau dans la ville de Mulhouse qui a tué une personne et en a blessé trois.
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a appelé à plusieurs reprises à une révision du régime migratoire et des visas franco-algériens, suite au refus des autorités algériennes de reprendre en charge leurs ressortissants sommés de quitter le territoire français sous le régime de l'OQTF (obligation de quitter le territoire français).