Après avoir retiré la concession minière de Guinea Alumina Corporation (GAC), l’État guinéen a officiellement retiré, le lundi 4 août 2025, le titre minier de la compagnie. Ce permis a été immédiatement transféré à une nouvelle société, Nimba Mining Company S.A., présentée comme une entité étatique.
Dès le lendemain, la maison mère de GAC, Emirates Global Aluminium (EGA), a réagi avec vigueur à travers un communiqué, qualifiant la décision guinéenne d’“expropriation de facto”.
« Emirates Global Aluminium dénonce fermement la décision de la République de Guinée de révoquer le titre minier de sa filiale GAC […]. Les mesures prises […] constituent une expropriation de facto de l’investissement d’EGA en Guinée », peut-on lire dans le communiqué.
EGA estime que cette décision s’inscrit dans la continuité de la suspension des activités de GAC depuis l’automne 2024, qu’elle juge illégale, et de la tentative de résiliation de l’accord de base qui encadrait ses opérations sur le territoire guinéen.
Le groupe émirati s’inquiète aussi des conséquences économiques et sociales de cette mesure, évoquant la menace sur plus de 3 000 emplois locaux, tout en rappelant que GAC a injecté 244 millions de dollars dans l’économie guinéenne et investi 700 000 dollars dans des projets sociaux en 2024 dans la région de Boké.
Selon EGA, la rétrocession des droits miniers à une entité nouvellement créée, dans des conditions jugées opaques, constitue une violation des principes de l’État de droit et des obligations contractuelles de la Guinée. Elle estime également que cette décision nuit à la crédibilité du pays auprès des investisseurs internationaux.
« Cette OPA illégale et hostile compromet la confiance des investisseurs, la transparence de la gouvernance et l’intérêt national à long terme », alerte EGA.
L’entreprise affirme avoir déjà engagé des procédures légales et se dit prête à utiliser toutes les voies de recours disponibles, aussi bien en Guinée qu’à l’international, pour faire valoir ses droits: «EGA se réserve tous ses droits, tandis que GAC cherchera à obtenir réparation par les voies légales déjà engagées et toute autre action en justice devant les instances compétentes. GAC, avec le soutien d’EGA, reste déterminé à protéger ses droits et les intérêts de ses employés, partenaires et actionnaires.»
Le bras de fer judiciaire et diplomatique semble désormais inévitable. EGA pourrait porter l’affaire devant les juridictions internationales, notamment à Paris ou à Londres.
Il convient toutefois de rappeler qu’en mai dernier, lors d’une conférence de presse, le général Amara Camara avait justifié le retrait du permis d’exploitation de GAC par le non-respect de la convention de base, en particulier l’engagement de construire une raffinerie. Or, près de 20 ans après le début des activités, aucune raffinerie n’a été réalisée en Guinée. Pire encore, une installation de ce type a été construite dans un autre pays, sans qu’aucun Guinéen n’y soit employé. Pourtant, souligne le ministre secrétaire général de la Présidence, GAC a bénéficié de nombreux avantages fiscaux.