Depuis que le Canada a ouvert ses frontières aux ressortissants d'Afrique francophone, une vague d'escroqueries sophistiquées cible les candidats à l'immigration. Des centaines de familles se retrouvent ruinées par des fraudeurs exploitant leur rêve d'une vie meilleure. Les autorités canadiennes alertent sur des méthodes de plus en plus élaborées.
Entre 2023 et 2027, le Canada prévoit d'accueillir 100 000 nouveaux résidents francophones, une politique rapidement exploitée par des réseaux frauduleux. Comme le rapporte le média français RFI, Marie, une victime originaire d'un pays d'Afrique francophone, a perdu 15 000 dollars après avoir contacté un pseudo-consultant via Facebook. "Il insistait sur la rapidité de l'envoi de l'argent, me garantissant une résidence permanente sous six mois", témoigne-t-elle, désormais endettée après avoir vendu ses meubles.
Nicholas Avramis, consultant en immigration certifié basé en Afrique du Sud, décrypte les méthodes. "Certains disparaissent après le premier virement, d'autres produisent de faux documents officiels pour entretenir l'illusion" explique-t-il. Des cellules opéreraient depuis plusieurs capitales africaines et même Toronto.
Visa Canada : des escroqueries à plusieurs niveaux
Les arnaques prennent différentes formes. Certains fraudeurs se font passer pour des agents de l'ambassade du Canada, réclamant des "frais de dossier supplémentaires". D'autres, comme dans le cas de Marie, proposent des services d'immigration accélérée via des pages Facebook bien rodées, alimentées par de faux témoignages élogieux.
🔴 JEUNES AFRICAINS, ATTENTION AUX FAUSSES PROMESSES D’IMMIGRATION ! 🇨🇦
Visa garanti ? Job assuré ? Études faciles ?
👉 ARNAQUE.
Ils veulent ton argent, rien d’autre.⚠️ Le Canada ne donne pas de visa sur WhatsApp.
✋🏾 Moi aussi, j’ai failli tomber. pic.twitter.com/RSi7yVL6SR
— Russell Ilunga (@IlungaRuss67304) July 7, 2025
"Les documents - des faux qui créent l'illusion - sont délivrés en temps et en heure", précise Nicholas Avramis. Sa structure, Beaver Immigration, a déjà recensé 24 cas similaires depuis début 2025, un chiffre qu'il estime très en-deçà de la réalité. "Beaucoup de victimes n'osent pas porter plainte, gênées d'avoir participé à une procédure douteuse" souligne-t-il.
Le silence des victimes complique la lutte
La honte et la peur des conséquences juridiques dissuadent de nombreuses victimes de dénoncer ces escroqueries. Marie, comme d'autres, hésite à se manifester officiellement. "Une fois l'argent transféré dans mon pays puis au Canada, il m'a tout simplement bloqué de toutes les applications", raconte-t-elle, désemparée.
Cette omerta permet aux réseaux de prospérer. Les autorités peinent à évaluer l'ampleur réelle du phénomène, tandis que les fraudeurs perfectionnent leurs techniques en exploitant la détresse sociale et l'espoir d'une vie meilleure.
Appel à la vigilance
Face à cette situation, les experts recommandent la plus grande prudence. "Vérifiez systématiquement l'accréditation des consultants sur le site officiel du Collège des consultants en immigration", insiste Nicholas Avramis. Les ambassades canadiennes multiplient également les alertes sur leurs sites internet.
Marie, malgré son amère expérience, n'a pas renoncé à son projet canadien. Son histoire sert aujourd'hui de mise en garde. "Je veux juste que les autres sachent pour ne pas tomber dans le même piège" affirme-t-elle. Un appel à la prudence alors que les promesses alléchantes continuent de circuler sur les réseaux sociaux.
