Les débats au sein de la Commission européenne ont-ils été infiltrés par une espionne travaillant pour le compte de la Russie ? Ce mercredi 9 juillet, l’institution a confirmé qu’une interprète franco-ukrainienne, démise de ses fonctions en décembre dernier, a bien pris des notes lors d’une réunion du Conseil européen, à Bruxelles, en présence du président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Pour comprendre les faits, revenons quelques mois en arrière. Ladite réunion date du 19 décembre 2024 – soit plusieurs semaines après l’élection de Donald Trump qui avait promis, durant sa campagne, de mettre fin au conflit russo-ukrainien « en vingt-quatre heures ». À cette date, les Européens se réunissent alors pour décider du montant du soutien alloué à Kiev. Et selon les informations du Monde, l’interprète, chargée de la traduction ukrainienne, est prise en flagrant délit en train de transcrire le contenu des discussions en cours.
L’ensemble de son matériel est saisi par les services de sécurité, immédiatement avertis, et la traductrice est contrainte à quitter les lieux. Une enquête – jusqu’alors restée confidentielle – est ouverte, son accréditation lui est retirée et interdiction lui est faite de pénétrer au sein de la Commission européenne. Pour cause, la prise de notes, en de telles circonstances, est formellement interdite – le travail des interprètes étant réduit à la seule traduction orale des échanges auxquels ils assistent.
Des relations avec les autorités russes ?
À ce stade, aucun lien d'espionnage avec la Russie n'a été formellement établi. La Commission européenne reconnaît simplement un « incident lié à la prise de notes ». Depuis, la traductrice, d’origine russe et qui travaille depuis une vingtaine d’années pour l’OTAN et pour les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères, n’a pas été démise de ses fonctions au sein de ces instances.
D’après une source diplomatique citée par le Monde, elle est intervenue, à la demande du Quai d’Orsay à deux reprises depuis début 2024 lors de conférences internationales sans lien avec l’Ukraine. En revanche, les ambassades d’Ukraine en France et à Bruxelles refusent, depuis plusieurs années, que cette traductrice soit présente lors des visites de Volodymyr Zelensky, au motif qu’elle conserverait des relations professionnelles avec les autorités russes.