Un tunnel souterrain destiné au trafic de stupéfiants a été découvert dans la région frontalière de Bab El Assa, dans la wilaya de Tlemcen. Cet aménagement illégal, creusé depuis le territoire marocain, met en lumière l’ampleur de l’activité des réseaux criminels opérant à l’ouest de l’Algérie.
Selon les informations diffusées par la télévision publique algérienne et relayées par Echorouk Online, le tunnel s’étend à une profondeur significative sous la frontière algéro-marocaine. Il relie une zone reculée du territoire marocain à un point proche de la localité algérienne de Bab El Assa. Les premières constatations des forces de sécurité indiquent que cette infrastructure était utilisée pour l’acheminement illégal de kif traité, une forme de cannabis transformé dont le Maroc reste un producteur majeur.
La découverte a été rendue possible grâce à une opération de surveillance ciblée menée par les unités spécialisées chargées du contrôle des frontières. Le tracé du tunnel, encore en cours d’analyse, révèle une planification technique minutieuse, probablement appuyée par un équipement de forage souterrain et une logistique structurée.
Un mode opératoire révélateur
L’usage d’un tunnel témoigne d’une évolution dans les méthodes employées par les groupes de trafic transfrontalier. Contrairement aux franchissements classiques par piste ou par véhicule, ce type de dispositif permet de contourner les radars, les patrouilles terrestres et les drones de surveillance. Il s’agit d’une stratégie d’évitement face au renforcement des mesures sécuritaires mises en place par l’Algérie ces dernières années, notamment le renforcement du mur de sable, les capteurs thermiques et les drones de reconnaissance.
L’opération met en lumière la capacité des réseaux de contrebande à mobiliser des moyens techniques importants et à opérer sur une durée prolongée sans être détectés. La construction d’un tunnel transfrontalier implique une coordination logistique soutenue, une connaissance du terrain et une impunité du côté marocain. Des analystes sécuritaires évoquent d’ailleurs la possibilité de complicités locales ou institutionnelles tolérant ce type d’activité.
Mesures de sécurité renforcées
Suite à cette découverte, les autorités algériennes ont immédiatement renforcé le dispositif de contrôle dans cette zone sensible. La frontière ouest, longue de plusieurs centaines de kilomètres, est considérée par l’État algérien comme une ligne à haut risque stratégique, en raison des trafics de drogue, de carburant et des tentatives d’infiltration du coté marocain.
Le tunnel a été neutralisé, scellé et placé sous contrôle des forces de sécurité. Une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs, leurs éventuels commanditaires et les circuits de distribution liés à cette installation. Aucun élément n’a pour l’instant été communiqué concernant le volume total de drogue ayant transité par cette voie clandestine.
Type d’infrastructure pas inédit
Ce type d’infrastructure n’est pas inédit. En novembre 2023, un tunnel similaire avait été découvert dans la zone frontalière de Ceuta, utilisé à la fois pour le trafic de stupéfiants et le passage irrégulier de personnes. Les méthodes utilisées dans les deux cas présentent des similitudes, laissant supposer un modèle opérationnel transposable entre plusieurs zones frontalières.
L’Algérie considère ces réseaux comme une menace directe à sa sécurité intérieure. Les cargaisons de ki traité alimentent un marché parallèle en expansion, tout en finançant d’autres activités criminelles. Le pays, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, voit dans ces incidents la confirmation d’un désengagement du voisin occidental dans la lutte contre les trafics transnationaux.