Comme annoncé précédemment, le verdict dans l’affaire de l’assassinat d’Adama Konaté, poignardée à mort par Bangaly Traoré, est tombé hier, mardi 8 avril 2025. Dans sa délibération, le tribunal a condamné Bangaly Traoré à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans, ainsi qu’au paiement d’une amende de 3 milliards de francs guinéens pour dommages et intérêts à la famille de la défunte. Lors de ses réquisitions, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kankan a annoncé l’ouverture de poursuites judiciaires contre certains agents des forces de l’ordre pour non-assistance à personne en danger. Il a également déploré le comportement des agents de la Brigade de recherche de Kankan, où Bangaly Traoré aurait transité à plusieurs reprises avant d’être libéré à la suite d’arrangements, rapporte un des correspondants de Guineematin.com à Kankan.
C’est devant un public attentif et dans une salle d’audience archi-comble que le procureur a exprimé son indignation face au comportement des agents de sécurité présents le jour de l’assassinat d’Adama Konaté. Lors de son intervention, Marwane Baldé s’est montré ferme à l’encontre des forces de défense et de sécurité.
« Dans l’intervention de l’accusé, il a été précisé que lorsqu’il progressait vers des agents de la police nationale, ceux-ci ont fui. Vous savez très bien, Monsieur le Président, que la police nationale est une institution de protection des citoyens et de leurs biens. C’est pourquoi, à l’occasion de ce procès criminel, mon parquet a engagé des poursuites à l’encontre de certains agents des forces de défense et de sécurité pour non-assistance à personne en danger. La police nationale et la gendarmerie nationale, toutes deux formées et armées, ont pour mission de nous protéger. Elles disposent de la confiance du peuple. Ce pouvoir leur est conféré par la loi et les conventions sociales en vigueur dans notre République », a-t-il déclaré.
Selon le magistrat, Bangaly Traoré aurait dû être poursuivi bien avant le crime pour lequel il est actuellement jugé. Il déplore l’impunité dont l’accusé a bénéficié en raison de pratiques de corruption au sein de certaines unités de gendarmerie.
« Cet accusé que vous voyez devant vous, Monsieur le Président, faisait déjà l’objet de procédures antérieures pour des faits de violences sur femmes. Avant même ce déferrement, il a, à plusieurs reprises, transigé et négocié au niveau des services de la gendarmerie nationale. Ce que nous déplorons également. La gendarmerie nationale est composée d’unités d’enquête et de recherche. Chaque unité comprend des officiers de police judiciaire qui, au même titre que nous, magistrats de la République, ont prêté serment de dire le droit conformément à la déontologie et à l’éthique de notre profession. Lorsqu’un fait constitue une infraction pénale, l’OPJ n’a d’autre devoir que d’en informer directement son procureur de la République, que ce soit après la réception d’une plainte, une dénonciation ou une information. Seul le procureur est habilité à classer une procédure sans suite, et non la gendarmerie. Je déplore que cet accusé n’ait pas été déféré depuis longtemps. Il aurait dû comparaître bien avant devant un tribunal correctionnel ou criminel, et être placé à la maison centrale de Kankan. Cela aurait pu éviter cette violence basée sur le genre et ce trouble que la République de Guinée connaît aujourd’hui à cause de cette infraction », a-t-il fait savoir.
Source: Guineematin.com