Emmanuel Macron s'est adressé mercredi soir aux Français pour répondre aux "angoisses" grandissantes sur la guerre en Ukraine, avant un sommet européen crucial et dans un moment de "bascule" géopolitique autour d'un rapprochement entre Washington et Moscou, potentiellement aux dépens de l'Europe et de Kiev. Tour d'horizon de ses principales déclarations.
"Il faut bien le dire, nous entrons dans une nouvelle ère", a affirmé Emmanuel Macron, mercredi 5 mars, en préambule d'une allocution télévisée aux Français durant laquelle le chef de l'État a évoqué les conséquences de la guerre en Ukraine et du revirement sur cette question des États-Unis de Donald Trump.
"La Russie teste nos limites", a-t-il estimé, jugeant que l'Europe devait réagir en investissant dans sa défense pour se protéger d'une possible agression russe, alors que les États-Unis ne semblent plus offrir le parapluie sur lequel les Européens pouvaient compter depuis 80 ans.
Voici l'essentiel des déclarations du président de la République :
"Qui peut donc croire que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?"
"La menace russe est là et touche les pays d'Europe, nous touche", a souligné le chef de l'État, rappelant que la Russie "a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial", "viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie", "organise des attaques numériques contre nos hôpitaux" et "tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux". Pour lui, "cette agressivité ne semble pas connaître de frontières" et, "face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie".
"Nous devons continuer d'aider les Ukrainiens à résister"
Emmanuel Macron a affirmé que "la paix ne peut pas être conclue à n'importe quel prix" et que "la paix ne peut pas être la capitulation de l'Ukraine". La paix en Ukraine "passera aussi, peut-être, par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui, elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front, mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect. Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d'état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard", a déclaré le chef de l'État.
"Les États européens doivent être capables de mieux se défendre"
"Nous franchirons des pas décisifs" lors du sommet européen du 6 mars à Bruxelles, a promis Emmanuel Macron, listant des mesures qui semblent déjà actées dans son esprit. "Les États membres pourront accroître leurs dépenses" avec "des financements pour acheter européen". "L'Europe de la défense que nous défendons depuis huit ans devient donc réalité", s'est-il réjoui, soulignant que plusieurs pays européens avaient fait ces derniers jours des "annonces d'efforts inédits en matière de dépenses militaires".
"Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires"
"Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables", a déclaré le président français. "Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage", a-t-il martelé.
Un débat sur une dissuasion nucléaire élargie aux alliés européens
"Répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz, NDLR), j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées", a affirmé Emmanuel Macron.
"Dissuader" Donald Trump d'imposer à l'Europe des tarifs douaniers
Emmanuel Macron a indiqué qu'il fallait "nous préparer à ce que les États-Unis décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes", comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique. "Cette décision, incompréhensible tant pour l'économie américaine que pour la nôtre, aura des conséquences sur certaines de nos filières", a-t-il prévenu, et "ne restera pas sans réponse de notre part". Le chef de l'État a dit espérer "convaincre" Donald Trump que "cette décision nous ferait du mal à tous" et "l'en dissuader".
"La patrie a besoin de vous et de votre engagement"
"Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger. C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu'à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements."
Source: France24