Les autorités libyennes ont indiqué avoir retrouvé 11 nouveaux corps de migrants dans une fosse commune du sud-est de la Libye. Cette découverte porte à 39 le nombre de corps récemment découverts dans le district de Kufra. Début février, 19 corps d'exilés avaient également été retrouvés dans plusieurs fosses communes d'une ferme de Jikharra, au sud-est de Benghazi.
Les découvertes macabres se succèdent en Libye. Jeudi 13 février, un officiel libyen a indiqué à l’agence de presse Reuters que 11 nouveaux corps de migrants avaient été retrouvés dans une fosse commune, au sud-est du pays.
Cette découverte porte à au moins 39 le nombre de corps enterrés sans identification dans la région de Kufra. Le 9 février, le bureau du procureur général libyen avait indiqué sur sa page Facebook que les corps de 28 migrants avaient été retrouvés dans cette région de l'extrême sud-est du pays. L’Organisation international pour les migrations (OIM) avait confirmé l’information le lendemain dans un communiqué évoquant "au moins 30 corps" retrouvés dans une fosse commune.

Les dépouilles ont été découvertes après une opération des forces de sécurité dans un centre de détention illégal, tenu par un réseau de trafiquants d'êtres humains. Soixante-six exilés, originaires d'Afrique subsaharienne, étaient retenus dans cette prison non officielle, a assuré le bureau du procureur général libyen.
Les fouilles se sont poursuivies après la découverte des 28 corps car, selon des survivants, jusqu'à 70 personnes pourraient avoir été enterrées dans la fosse.
Après la découverte des 11 nouveaux corps, Mohamed Fadil, le chef des services de lutte contre l'immigration illégale dans la région de Kufra, a indiqué à Reuters s'attendre "à trouver d’autres fosses communes au cours des opérations de recherche". Le responsable a précisé que les corps avaient été numérotés et que des échantillons avaient été prélevés en vue de réaliser des tests ADN.
Sur des photos diffusées sur la page Facebook du procureur général de Libye, on voit les opérations d'exhumation et de numérotation des corps retrouvés en pleine zone désertique.
"Activités de contrebande et de migration illégale"
Quelques jours plus tôt, le 6 février, 19 corps d'exilés avaient déjà été découverts dans plusieurs fosses communes d'une ferme de Jikharra, à environ 440 km au sud-est de Benghazi, la deuxième plus grande ville de Libye.
La direction de la sécurité du district d'Al Wahat, dont fait partie Jikharra, avait expliqué que ces décès étaient liés à des "activités de contrebande et de migration illégale (...) appartenant à un réseau de contrebande connu".
Les fosses communes ne sont pas rares en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 à la suite d'une révolte populaire. En mars 2024, une fosse contenant "au moins 65 corps de migrants" avait été découverte dans la zone désertique d’Al Shwayrif, dans le sud-ouest de la Libye, avait rapporté l'OIM. Les migrants avaient probablement péri alors qu'ils traversaient le désert pour rejoindre les côtes du nord du pays.
Kidnappings et extorsion
En Libye, les exilés sont des proies faciles. Interpellés dans les rues par les autorités ou enlevés par des milices, ils sont envoyés dans des prisons officielles ou non et y subissent toutes sortes de tortures. Lors des sévices, les bourreaux appellent les familles des exilés afin qu'ils payent pour leur libération.
Ces dernières années, InfoMigrants a récolté des dizaines de témoignages de Subsahariens rapportant les violences subies dans les centres de détention du pays.
David Yambio, un militant sud-soudanais aujourd’hui réfugié en Italie alerte lui aussi sur le sort des migrants en Libye. Via son compte X "Refugees in Libya", il documente les nombreuses exactions subies par les exilés enfermés dans les prisons officielles ou clandestines du pays. Dernier exemple en date : la diffusion le 6 janvier 2025 de la photo d’une Éthiopienne bâillonnée et attachée dans une cellule. Ses ravisseurs réclament 6 000 dollars à sa famille pour sa libération.
Fin août 2024, les autorités libyennes avaient annoncé la libération d'un millier de migrants, enfermés dans un hangar faisant office de prison secrète dans la région d'Ash Shwayrif, au sud de Tripoli. Les exilés étaient retenus dans des conditions déplorables.