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Migrations

Royaume-Uni : les migrants arrivés illégalement se verront refuser la naturalisation

De nouvelles instructions du gouvernement travailliste, envoyées aux services chargés d'examiner les demandes de naturalisation, prévoient que les migrants et demandeurs d'asile arrivés illégalement au Royaume-Uni se verront "en principe" refuser l'obtention de la nationalité britannique. Une mesure vivement critiquée par les associations mais aussi dans le camp du Premier ministre.

Coup dur pour les migrants arrivés de manière irrégulière au Royaume-Uni. Selon de nouvelles instructions du gouvernement travailliste, ces exilés se verront "en principe" refuser l'obtention de la nationalité britannique.

Publiées lundi 10 janvier et adressées aux services chargés d'examiner les demandes de naturalisation, elles prévoient que le dossier d'une personne entrée au Royaume-Uni de façon irrégulière, notamment en traversant la Manche, soit d'une manière générale rejeté, quel que soit le temps passé dans le pays.

Les demandes de naturalisation continueront toutefois à faire l'objet d'un examen au cas par cas.

Le ministère de l'Intérieur britannique a précisé mercredi qu'il existait déjà auparavant "des règles pour empêcher ceux qui arrivent illégalement d'acquérir la nationalité".

"Dommageables pour l'intégration"

"Cette directive renforce les mesures en place pour qu'il soit clair que quiconque entre illégalement au Royaume-Uni, notamment à bord de bateaux, encourt un refus de sa demande d'obtention de nationalité britannique", a indiqué un porte-parole dans un communiqué transmis à l'AFP.

Le gouvernement de Keir Starmer reprend ainsi en partie un projet de son prédécesseur conservateur Rishi Sunak, qui avait fait de la lutte contre l'immigration irrégulière sa priorité.

Cette nouvelle mesure est vivement critiquée, y compris dans le camp du Premier ministre. "Si nous accordons le statut de réfugié à quelqu'un, il n'est pas juste de lui refuser ensuite la possibilité de devenir un citoyen britannique", a dénoncé la députée travailliste Stella Creasy sur le réseau social X.

This should be changed asap.

If we give someone refugee status, it can't be right to then refuse them route to become a British Citizen. To say they can have a home in our country, but never a place in our society and be forever second class.

L'ONG Free Movement, spécialisée dans la politique migratoire et d'asile, a estimé que ces changements étaient susceptibles d'"empêcher un grand nombre de réfugiés d'être naturalisés" et qu'ils étaient "dommageables pour l'intégration".

Mais les autorités travaillistes sont sous pression sur le sujet de l'immigration, face à la montée dans les sondages du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a fait une percée lors des législatives de juillet en remportant cinq sièges au Parlement.

Lutte contre les passeurs

Depuis son arrivée au pouvoir l'été dernier, Keir Starmer multiplie les annonces contre l'immigration irrégulière et particulièrement sur la lutte contre les trafiquants.

Le nouveau projet de loi "sécurité, asile et immigration", dont certaines mesures avaient été dévoilées début janvier, est en cours d'examen depuis lundi 10 février par les élus britanniques. Il prévoit notamment de s'attaquer financièrement aux réseaux de passeurs : il s'agira, comme pour les sanctions internationales, de geler les avoirs des passeurs et des fabricants de "small boats" qui collaboreraient avec les trafiquants.

Toutefois cette mesure risque de n'avoir que très peu d'effet sur les organisations mafieuses : la majorité d'entre eux utilisent un réseau informel basé sur de l'argent liquide.

Dans le lot des mesures, outre l'aspect financier, il y a également des blocages de comptes sur les réseaux sociaux.

Surtout, le pouvoir des forces de l'ordre est élargi : elles pourront procéder à la saisie des appareils électroniques des migrants à la frontière afin de pouvoir recueillir des informations sur les passeurs. Plus que cela, elles pourront également interpeller toute personne soupçonnée de posséder ou de partager en ligne des informations dans le but d'organiser des traversées de la Manche, et un nouveau délit - sanctionné d’une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans - sera créé.

Début novembre, Keir Starmer avait aussi annoncé la création d'un fonds de 90 millions d'euros consacré à la lutte contre les trafiquants opérant dans la Manche. L'argent doit notamment servir à financer des équipements de surveillance de haute technologie et 100 enquêteurs spécialisés contre les réseaux de passeurs.

Londres a également signé des partenariats avec plusieurs pays - dont l'Irak, la Serbie, le Kosovo et la Macédoine du Nord - destinés à "accroître le partage de renseignements et à intercepter les gangs criminels de passeurs".

Près de 37 000 arrivées en 2024

Avec ce texte, Londres espère freiner les traversées de la Manche par "small boats", ces fragiles embarcations pneumatiques sur lesquelles s'entassent plusieurs dizaines de personnes. L'an dernier, près de 37 000 migrants sont parvenus au Royaume-Uni en traversant la Manche, soit 25% de plus qu'en 2023. Un chiffre toutefois encore en dessous du record enregistré en 2022 avec l'arrivée de 45 000 personnes.

Selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont par ailleurs été secourues en mer en 2024 côté français, et plus de 870 tentatives de traversée ont été empêchées par les forces de l'ordre déployées sur le littoral.

Ces traversées sont particulièrement risquées : au moins 77 exilés sont morts dans la Manche en tentant d'atteindre les rives britanniques l'an dernier. Un record depuis le début en 2018 du phénomène des "small boats", ces frêles embarcations utilisées par les exilés pour rejoindre les côtes britanniques, au péril de leur vie. Et l'année 2025 connait aussi son lot de drames : on compte déjà quatre morts depuis le 1er janvier dans cette zone maritime.

Soure: infoimmigration

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