Le Parlement des Canaries a accepté une proposition des députés portant sur la création d'un hôpital d'urgence à El Hierro, destiné à la prise en charge des migrants. Cette petite île accueille la grande majorité des exilés débarqués dans l'archipel espagnole.
Bientôt un hôpital d’urgence à El Hierro. La proposition a été acceptée mercredi 12 février par le Parlement des Canaries, à 22 voix pour, et 3 abstentions. Le projet doit encore être avalisé par le gouvernement régional.
Cet hôpital garantira une prise en charge "immédiate et adaptée à la population migrante qui arrive sur l’île", explique l’agence de presse EFE. Sa gestion se fera en coordination avec la direction des services de santé déjà présents à El Hierro.
Le député du Groupe Indépendant de Herreña (AHI) Raúl Acosta a rappelé que l'hôpital actuel de l'île, le plus petit d'Espagne, dispose de 32 lits et de 10 médecins pour soigner à la fois la population locale - environ 11 000 personnes - et les exilés.
Dans un entretien accordé en octobre dernier au média Con Salud, sa directrice Jéssica Acosta regrettait "le manque de professionnels de santé" et de moyens mis à disposition dans la structure.
Durant la séance au Parlement, la députée Yone Caraballo a exigé "des ressources financières à l'Espagne et au reste de l'Europe pour faire face à un problème structurel".
Ce même-jour, le Congrès espagnol a justement voté en faveur d'un accord entre le gouvernement central et les îles Canaries pour le financement des soins de santé des migrants tout juste arrivés. Celui-ci exige que Madrid assume "ses compétences en matière d'immigration". "Les Îles Canaries ne doivent pas assumer [...] un coût auquel l'État a l'obligation de répondre", a déclaré la députée de la Coalition canarienne, Cristina Valido.
Système d’accueil dépassé
L’île d’El Hierro, située à l’ouest des Canaries, est devenue ces deux dernières années le point d’arrivée principal des migrants qui débarquent par l’Atlantique. Sur les 47 000 personnes arrivées dans l’archipel en 2024, 24 000 l'ont fait via El Hierro. Les infrastructures étant régulièrement saturées, les exilés restent souvent peu de temps sur cette île, et sont rapidement transférés ailleurs, à Lanzarote, Grande Canarie ou Tenerife.
Mais là aussi, le système d’accueil peine parfois à héberger la totalité des arrivants. Dans la nuit de mardi 11 au mercredi 12 février, 94 personnes ont dormi sous une tente à même le quai d’Arrecife, la capitale de Lanzarote. Ce jour-là, 380 migrants ont été récupérés en mer.
Selon les autorités des îles Canaries, près de 6 000 mineurs se retrouvent bloqués sur l'archipel espagnol, où les hébergements sont saturés. Après des jours de discussions, les régions en Espagne continentale ont accepté d’en accueillir 400. Journaliste : Charlotte Oberti
À leur arrivée aux Canaries, de nombreux migrants, dont des mineurs, nécessitent pourtant une prise en charge médicale, tant la traversée de l’Atlantique est éprouvante. Le trajet jusqu'à l’archipel dure plusieurs jours, dans une embarcation à la merci des intempéries et des forts courants. La soif, la faim, les brûlures du carburant rendent la traversée cauchemardesque, pour ceux qui y survivent.
"Il est triste de voir qu'un pays avec un niveau de développement comme le nôtre n'est pas capable de soigner […] ces jeunes", avait déploré à la presse espagnole le pédiatre Abián Montesdeoca.
Plus de 9 000 morts
Après plus d’une semaine sans intervention, les sauvetages se multiplient ces derniers jours aux Canaries. Depuis lundi, les équipes de secours maritimes des îles Canaries ont secouru 1 232 migrants au cours de 20 opérations de sauvetage.
Lors de l’une d'entre elles, un homme a été retrouvé mort près d’une pirogue qui s’était renversée au sud d'El Hierro, avec à son bord 79 passagers. D’après une porte-parole du numéro d'urgence 112, au moins deux personnes sont également portées disparues. Six autres, dont une se trouvant dans un état grave, ont nécessité une prise en charge médicale.
En 2024, près de 9 700 migrants sont morts dans l'Atlantique en 2024 alors qu'ils tentaient de rejoindre les Canaries selon l'ONG Caminando Fronteras. Un record.
Source: infoimmigration