L'écrivaine franco-ivoirienne, Véronique Tadjo, nous relate la séparation de Laurent Gbagbo et Simone Ehivet, entre coup de force politique, condamnations judiciaires et retour plus ou moins glorieux au pays.
En avril 2011, la Côte d’Ivoire bascule dans la guerre civile à la suite d’une crise postélectorale catastrophique. Laurent Gbagbo, le président sortant, refuse de céder le pouvoir à son adversaire, Alassane Ouattara, dont la victoire est reconnue par la communauté internationale. Les Ivoiriens se retrouvent avec deux présidents, deux gouvernements et deux armées. Avant le conflit, Gbagbo et sa femme Simone Ehivet Gbagbo avaient tenu les rênes du pouvoir pendant une décennie au cours de laquelle une rébellion avait tranché le pays en deux entre le Sud et le Nord. Surnommée « la Dame de fer », Simone était pour beaucoup celle qui tenait la barre. Grande militante et syndicaliste de longue date, son combat pour la souveraineté de la nation ivoirienne avait entraîné des clashs avec la France, l’ancienne puissance coloniale dont l’influence se manifestait pratiquement à tous les niveaux.
Un couple dans la tourmente
Lorsque les derniers combats firent rage dans la capitale, le couple Gbagbo prit refuge dans le sous-sol de la résidence présidentielle avec une centaine de proches. Ils furent capturés après d’intenses bombardements et conduits manu militari à l’hôtel du Golf où Ouattara avait installé son QG. Le président déchu fut envoyé à la Cour Pénale internationale (CPI), accusé de crimes contre l’humanité, tandis que son épouse fut emprisonnée dans le nord de la Côte d’Ivoire pour « atteinte à la sureté de l’État ». Gbagbo passa dix ans à La Haye avant d’être acquitté pour insuffisance de preuves. Quant à Simone, elle fut amnistiée et libérée en 2018, au nom de la réconciliation nationale.
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Mariés pendant 34 ans, les Gbagbo ont été à la tête de la Côte d'Ivoire de 2000 à 2011 avant d'être arrêté par les forces d'Alassane Ouattara le 11 avril 2011 ©Corbis - Patrick Robert
Côte d'Ivoire : Le divorce des Gbagbo
Jeudi 3 octobre 2024
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Les Échos d'ailleurs
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Les Échos d'ailleurs
L'écrivaine franco-ivoirienne, Véronique Tadjo, nous relate la séparation de Laurent Gbagbo et Simone Ehivet, entre coup de force politique, condamnations judiciaires et retour plus ou moins glorieux au pays.
En avril 2011, la Côte d’Ivoire bascule dans la guerre civile à la suite d’une crise postélectorale catastrophique. Laurent Gbagbo, le président sortant, refuse de céder le pouvoir à son adversaire, Alassane Ouattara, dont la victoire est reconnue par la communauté internationale. Les Ivoiriens se retrouvent avec deux présidents, deux gouvernements et deux armées. Avant le conflit, Gbagbo et sa femme Simone Ehivet Gbagbo avaient tenu les rênes du pouvoir pendant une décennie au cours de laquelle une rébellion avait tranché le pays en deux entre le Sud et le Nord. Surnommée « la Dame de fer », Simone était pour beaucoup celle qui tenait la barre. Grande militante et syndicaliste de longue date, son combat pour la souveraineté de la nation ivoirienne avait entraîné des clashs avec la France, l’ancienne puissance coloniale dont l’influence se manifestait pratiquement à tous les niveaux.
Un couple dans la tourmente
Lorsque les derniers combats firent rage dans la capitale, le couple Gbagbo prit refuge dans le sous-sol de la résidence présidentielle avec une centaine de proches. Ils furent capturés après d’intenses bombardements et conduits manu militari à l’hôtel du Golf où Ouattara avait installé son QG. Le président déchu fut envoyé à la Cour Pénale internationale (CPI), accusé de crimes contre l’humanité, tandis que son épouse fut emprisonnée dans le nord de la Côte d’Ivoire pour « atteinte à la sureté de l’État ». Gbagbo passa dix ans à La Haye avant d’être acquitté pour insuffisance de preuves. Quant à Simone, elle fut amnistiée et libérée en 2018, au nom de la réconciliation nationale.
Une séparation aux allures de trahison politique
En 2021, au retour triomphal de Gbagbo, Simone était à l’aéroport d’Abidjan. Mais sa présence fut rejetée d’un revers de la main par l’homme avec qui elle avait partagé cinquante ans de sa vie. Il était descendu de l’avion accompagné de Nady Bamba, l’ancienne journaliste avec qui il vivait ouvertement depuis des années, bien avant la crise postélectorale. Ils avaient d’ailleurs scellé leur union par un mariage traditionnel musulman. Deux ans plus tard, le divorce fut officiellement prononcé « aux torts exclusifs de M. Laurent Gbagbo, pour adultère caractérisé et notoire, abandon de domicile conjugal et injures graves à l’encontre de Madame Simone ».
Aujourd’hui, à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle qui verra probablement le Président Ouattara se représenter pour un quatrième mandat, les anciens époux ont recommencé à s’affronter publiquement. Pas pour la garde des enfants, plutôt pour celle de leur héritage politique. Tous les deux se sont de nouveau lancés dans l’arène politique, mais chacun de leur côté, cette fois-ci - et on dirait qu’ils ne se parlent pas