En pleine saison des pluies, il y a quelques mois, Belete Melke fuit une forte averse dans un abri, lorsque des tirs éclatent. L'Éthiopien de 25 ans, originaire de l'Amhara, raconte se retrouver "pris entre deux feux". Blessé, il finira amputé.
"donne l'impression d'avoir retrouvé (sa) jambe, comme si (il) renaissait".
Dans une grande salle située dans le centre de réhabilitation, où il travaille depuis 2016, Bashawgize Getie porte de grosses lunettes de protection en polissant une prothèse.
Durant le conflit au Tigré, "nous étions déjà sous forte pression", mais depuis le début de l'insurrection en Amhara, "le nombre de patients ne cesse d'augmenter", confie le technicien orthopédique de 33 ans. "Nous avons du mal à les prendre en charge."
Les besoins humanitaires sont immenses dans la région, alors que de nombreux blessés ne peuvent rejoindre des centres de santé "en raison des routes coupées", observe Addisu Gedefaw, un psychologue de l'institution.
Et la situation pourrait encore empirer ces prochains mois, car "les différentes forces (Fano et forces fédérales) renforcent leurs capacités", s'effraie Sabrina Denuncq, cadre du CICR à Bahir Dar.
Le conflit s'est aujourd'hui calmé à Merawi et Yoseph Debasu a pu reprendre le chemin de l'école. Mais il reste malgré tout "désespéré". "Quand un camp nous dit d'aller à l'école, nous y allons. Puis l'autre camp nous dit d'arrêter, et les combats reprennent", se lamente-t-il. "Voilà notre situation".


